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Les guides

 

 

Comme beaucoup de marcheurs aujourd’hui, les personnages de la Bible ont eu besoin de guides, ou d’accompagnateurs. Il est des situations où l’on s’en passerait volontiers, d’autres où ils s’avèrent indispensables. Faisons route un moment avec eux.

 

 

Leur rôle

 

Protection contre les dangers :

  Ne parlons pas des guides touristiques qui tendent la main mais ne s’éloignent pas de plus de plus de 100m du bus. On embauche d’abord un guide pour accomplir une marche que l’on n’oserait ou ne pourrait faire seul. Les dangers peuvent êtres multiples (2Co 11,26-27), même si aujourd’hui on a parfois tendance à les généraliser pour créer la demande de sécurisation. Le danger de brigandage a certes diminué depuis 2000 ans (Lc 10,30 ; Ac 25,3), mais il n’était pas moindre que les dangers météorologiques quand St Bernard, puis ses chanoines et ses guides-maroniers, bâtirent des lieux d’hospitalité sur les cols des Alpes et du Tibet. Et chacun sait qu’il peut revenir plumé d’un voyage, que ce soit par des bandits de grand chemin ou des desperados de l’arnaque touristique !

La première chose que l’on demande à un guide de marche aujourd’hui est de gérer l’itinéraire pour s’épargner la crainte de se perdre.

Mais au pays de la Bible, le premier danger est la mort au désert. Et ce danger n’a guère diminué aujourd’hui dès lors qu’on sort des grandes pistes. Ainsi malgré les miraculeuses protections de Dieu envers son peuple en Exode, tous ne survécurent pas: d’après St Paul (1Co 10,5) « leurs corps jonchèrent le désert », et cette hécatombe serait même une punition divine selon  Nb 14,16.

Quand, comme Jacob l’on doit partir seul en voyage à travers ces contrées, on n’aura plus que Dieu sur qui compter pour assurer sa protection (Gn 28,20-21). Mais au bout du compte on est rarement déçu: Gn 35,3  prend soin de préciser que « Dieu a assisté Jacob dans son voyage ».

Le guide-gardien se retrouve encore fréquemment dans les Psaumes: Ps 139,24, et le Ps 121 qui pourrait être le psaume du parfait gardien...

 

Contre la peur du noir :

            Le guide est aussi celui qui va rassurer face aux peurs que représente la nuit. Peurs bien connues du noir (Ps 23,4 ; Is 49,9 ; Is 50,10) et des bêtes, mais aussi pendant la marche, le risque de trébucher dans l’obscurité (Jr 13,16 ; Os 4,5 ; Pr 4,18-19 ; Jn 11,9-10 ; 1Jn 2,10-11). Le guide joue alors le rôle de lampe frontale (Ex 13,21-22 ; Dt 1,33 ; Né 9,12 ; Ps 78,14 ; Ps 105,39 ; Sg 10,17 ; Is 2,5) ou d’aurore (Is 9,2 ; Is 60,1-4).

La lumière de Dieu peut même mettre en marche, comme dans le cas des Mages (Mt 2,1-10). Si l’astre les mena à Jésus enfant, celui-ci se présentera ensuite comme à la fois le guide et la lumière, qui chassent les ténèbres : Jn 8,12.

 

Bons et mauvais guides :

            Un guide éclairé ou aveugle mène à la vie ou à la mort. Le guide est celui qui devra mettre en application la théorie « des deux voies » (Pr 12,26 et 28). Le bon guide est aussi celui qui mène par un chemin droit (Ps 107,6-7) : les clients n’aiment pas trop les détours ! Au sens métaphorique, le guide est un frère qui ramène de l’égarement (Jc 5,19-20), avec un rôle de rédemption, qui fait penser au modèle du Christ.

 

Quelques grands guides

 

Du haut des cieux :

            Le Dieu perché au ciel qui prend soin à distance de ses ouailles errantes n’est pas très présent dans la Bible. C’est d’ailleurs toujours l’homme qui le voit ainsi et jamais Dieu qui se présente comme le grand veilleur céleste : Pr 5,21 ; Ps 119,168 ; 139,1-3 et 7-10 ; 142,4. Il faut croire pourtant que de tout temps l’homme a eu besoin de cette sécurité céleste puisqu’il prend plaisir aujourd’hui à se faire traquer par les balises Argos, Natels et autres satellites GPS !

 

Dieu Guide de son peuple :

Mais c’est dans l’Exode, la grande marche par excellence, que Dieu donnera toute sa mesure comme guide, et se révèlera même par ce visage. Vous aviez besoin de quelqu’un ? Dieu descend sur terre pour prendre ce visage !

Au début de l’Exode Dieu marche « en tête, devant » son peuple (Ex 13,21-22 ; Ex 14,19 ; Ex 23,23 ; Ex 32,1 et Ex 32,23 ; Ex 32,34 ; Dt 1,30 ; Dt 1,33…) : c’est l’image du guide – premier de cordée, qui s’assure la connaissance du terrain.

Puis Dieu marchera « au milieu de, avec » son peuple (Ex 33,16 ; Ex 34,9 ; Lv 26,12 ; Dt 20,4 ; Dt 31,6 ; Dt 31,8…) : on est plutôt en présence de l’accompagnateur sympa. Gardien, chef de file, puis compagnon : un simple coup d’œil à la chronologie des versets permet de mesurer l’importance de l’évolution !

En Dt 1,31 et Dt 8,5 Dieu devient même paternel en soutenant ses fils fatigués ou en les corrigeant ! On pense au guide de montagne soucieux de faire arriver son client au but ! Il est aussi la maman qui apprend à marcher à son enfant en le tenant par le bras (Os 11,3), et l’intendant maternel de la troupe (Dt 32,10-14, Né 9,21), procurant le boire (Is 49,10), le manger et partant en avant chercher le gîte (Nb 10,33 ; Dt 1,33). Aujourd’hui on parlerait du travail logistique de préparation de toute marche organisée, celui qui fait le succès des agences de trekking.

Parmi les récits de ce voyage guidé qui furent ensuite publiés à foison sur la Toile biblique, on trouve un lien éminent vers le Livre de la Sagesse. Yahvé quitte ses attributs théophaniques pour devenir une sorte de perfection, la « Sagesse », celle qui « les guida par un chemin merveilleux » (Sg 10,17). Aujourd’hui, en ces temps de quête spirituelle, combien de marcheurs et de pèlerins ne préfèrent-ils pas aux voyages organisés se laisser guider par l’instinct, dans une sorte d’abandon à ce qui pourrait être la sagesse de la Providence ?

 

Second Exode, le retour d’Exil, eut aussi son guide prophétique en Dieu (Is 48,17 ; Is 49,9-11 ; Is 58,11 ; Os 11,10), ouvrant et fermant la marche à la fois (Is 52,12). Le peuple l’implora pour le ramener à Jérusalem (Ps 61,3 ; Jr 50,5), dans les larmes (Jr 50,4) ou dans la joie (Ps 126,1-2).

 

Moïse :

            Moïse fut certainement le guide en second de Dieu, ayant accompli avec courage sa mission de conduire le peuple hébreu de l’Egypte aux portes de la Terre promise, jusqu’à y laisser sa vie au terme de sa mission. Mais il ne fut certainement jamais aspirant guide : son humilité et sa timidité le faisaient freiner des quatre fers devant une telle vocation (Ex 3,11 ; 4,1 ; 4,13 ; 6,12…). Et même enrôlé de force comme guide il pliera devant le poids de la charge qui lui est confiée (Nb 11,10-14) ! Il n’empêche qu’il fallait à Dieu un leader en chair et en os pour entraîner le peuple quand les manifestations de la présence divine ne suffisaient plus.

Et si le leader n’est pas toujours le personnage le plus apprécié du groupe, son absence devient tout de même vite un manque : Moïse ayant disparu dans la montagne, on le donne vite pour perdu et le peuple réclame qu’on lui fasse des dieux de remplacement qui marcheront devant lui (Ex 32,1 avec lien en Ac 7,40). Sans guide au désert, c’est l’errance (Ps 107,4-7) !

 

Des anges :

            Dieu délègue parfois aussi son rôle de guide à ses anges. On a un très beau récit de recrutement d’un guide pour entreprendre un voyage inspiré par Dieu dans le livre de Tobie, ch.5. Il est étonnant de constater à quel point l’ange a des caractéristiques humaines (à commencer par un nom, Raphaël), et en particulier les qualités et exigences d’un bon guide !

            Les autres anges bibliques ont surtout l’éminent rôle de gardien, et de là vient que nous avons toujours des anges-gardiens pour nous surveiller… Leurs fonctions au Ps 91,11-13 sont éminemment imagées par la protection du marcheur : non seulement il ne risquera pas de trébucher sur un caillou, mais il pourra même marcher sans risque sur les vipères ! Celui qui en aura déjà débusqué une appréciera !

 

Aujourd’hui encore je crois sincèrement préférer me confier, sans défi, à la protection d’un saint comme St Bernard des Alpes, protecteur des alpinistes et habitants des Alpes, qu’aux illusions de sécurités procurées par les Natels ou Barryvox !

 

L’amour :

            Il y a de multiples manières de faire avancer un partenaire ; la plus belle est sans doute l’amour. Combien de couples ne se sont-ils pas surpris à voir l’ami ou l’amie se mettre à la randonnée pour suivre l’autre dans sa passion, ou pour le plaisir d’une ballade ensemble ? Dans Osée, Dieu va aussi user des voies de l’amour et de la marche pour amener sa fiancée à lui : Os 2,16. Dans le Cantique des Cantiques, c’est la beauté de la démarche du bien-aimé qui séduit la bien-aimée (Ct 2,8), et la beauté des pieds de la bien-aimée qui enchante le bien-aimé (Ct 7,1) !

 

Jean-Baptiste :

            Souvent appelé ‘le précurseur’, Jean le Baptiste est celui qui est venu pour marcher « devant Jésus », son guide personnel en quelque sorte ! Il a en fait à la fois une mission de reconnaissance et de préparation (Lc 1,16-17) et un rôle d’aménagement des sentiers (Lc 1,76). Jean est surtout le modèle du guide qui s’effacera pour laisser le ‘client’ pendre sa place, du pasteur qui laissera place à l’agneau (Jn 1,29-30) !

 

Les pasteurs :

L’évolution du guide au pasteur se manifeste très vite dans la Bible: en Gn 48,15 Dieu-berger fait marcher devant lui Abraham, Isaac et Jacob, et au Ps 78,52-53 son peuple au désert. Parfois il sous-traite l’activité pastorale, à Moïse et Aaron par exemple (Ps 77,21). L’évolution n’est pourtant pas sans sens : le guide marche en tête, le pasteur plutôt derrière.

Les bergers sont aussi dans la Bible ce qu’il y a de plus bas socialement, ce qui en fait aussi les préférés de Dieu lorsqu’il désire se révéler et mettre en route (1S 16,10-12 ; Lc 2,8-9). Dans l’Eglise aussi, combien de fois Marie est-elle apparue à de pauvres bergers et bergères et non aux grands dirigeants ? Il y a certainement une grande question de disponibilité. Le berger est toute ouïe et toute disponibilité à ce qui l’entoure ; parce qu’il a appris à vivre rudement, il a le seul souci de sa vie et de ce qui lui est confié, et Dieu ne demande rien de plus. Ce qui perturbe depuis toujours un prêtre melkite de l’Atlas marocain, dérouté par cette bergère qui passe ses journées assise sur le même rocher voisin : « cette femme musulmane, qui ne sait ni lire, ni écrire, qui n’a jamais quitté ce coin, je n’ai jamais réussi à savoir à quoi elle pensait toute la journée ? ». Peut-être à Dieu seul…

Dieu ne vise donc pas la prestance du statut de guide lorsqu’il se présente volontiers comme pasteur, tout en en assumant les responsabilités de guide, consolateur et logisticien de la marche. Il a, tant dans le Psaume (Ps 23,1-4) que dans la Parabole (Jn 10,2-16) du «Bon Pasteur » un coté simple et familier qu’il n’avait pas avant.

Et c’est en qualité de pasteur que Jésus passera le relais à Pierre : Jn 21,15-19