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Boire pendant la marche

 

 

Se réhydrater, se désaltérer

 

L’eau, source de vie :

« Il faut beaucoup boire en marchant » disent les conseils aux randonneurs ! Tout le monde ne peut pas comme Moïse se passer de boire pendant quarante jours au désert (Ex 34,28 ; Dt 9,9)… J’aurais pu lier ce besoin de boire à celui de manger en cours de route. Mais la nécessité en est plus fréquente, surtout dans l’aride pays biblique. Si l’on retrouve souvent les deux thèmes en parallèle dans les marches de la Bible, ces deux parcours thématiques s’avèrent aussi assez singuliers, et invitent donc à deux voyages.

Le thème est aussi indissociablement lié à celui des haltes, qui ne sauraient se concevoir sans un lieu où abreuver l’homme et le bétail (Ex 15,27 ; Tb 6,2).

Le puits ou la source deviennent alors les lieux de campement des nomades, les lieux d’échanges et de rencontres, et même le lieu où Dieu lui-même attend l’homme… L’ange de Yahvé attend Agar près d’une source au désert pour lui annoncer une descendance (Ismaël, Gn 16,7-14). De même la femme d’Isaac sera trouvée lors d’une halte au puits (Gn 24,11-18). Pendant son voyage, Jacob retrouvera près d’un puits sa cousine Rachel (Gn 29,2–11) qu’il épousera, et Moïse y rencontrera sa promise, une étrangère (Ex 2,15-21) ! Ainsi l’eau - symbole de fertilité devient-elle le prétexte de Dieu pour accomplir sa promesse de fournir des descendances aux patriarches ! Les sources et les oasis ont peut-être perdu aujourd’hui leur rôle de métissage des populations nomades au profit de la ville, mais l’eau qui s’y trouve n’en reste pas moins la condition de la survie, ou l’élément indispensable pour « revivre » (Ac 8,36) !

 

« Donne-moi à boire ! »

L’épisode de Jacob au puits nous invite tout naturellement à surfer directement vers le ‘Puits de Jacob’ (Jn 4,5-15), qui n’est pourtant pas celui mentionné en Genèse. L’épisode est connu, le marcheur est Jésus, et c’est la fatigue de la marche en plein midi qui le fait s’asseoir au bord du puits. La rencontre se fait avec la Samaritaine, de nouveau une étrangère. La demande est claire « Donne-moi à boire ! » (et invite à un petit saut vers le « J’ai soif » sur la croix, Jn 19,28, mais l’on sort du cadre de la marche !): on se sert rarement à boire soi-même quand on est chez l’autre ! Au-delà on pourrait penser que l’on file dans le domaine allégorique de la soif et de la vraie boisson, mais pourtant Jésus utilise des métaphores très concrètes : l’eau terrestre n’est ni renouvelable ni inépuisable ; elle ne saurait aussi combler la soif que pour un temps ; l’eau de Jésus par contre « deviendra en l’homme source jaillissante pour la vie» (cf. aussi Jn 6,35, Jn 7,37): voilà bien un rêve pour randonneur assoiffé, ne plus avoir à chercher l’eau aléatoire, mais avoir accès permanent à la source généreuse ! Si Jésus a pris soin de le dire en pleine chaleur pendant sa marche, le discours n’a plus seulement valeur de grande théorie théologique en l’air : il s’incarne lui-même dans cette expérience pour rejoindre son interlocuteur jusque dans le concret du concret de ses préoccupations : se reposer, boire…

 

La providence

 

Soutien divin :

L’eau qui abreuve a souvent été associée à la divinité. Ainsi parmi les dieux-lares de l’Antiquité figuraient les divinités naturelles des sources.

Chez les hébreux, la soif au désert, menace angoissante de mort (Ps 107,5), conduit Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, à abreuver son peuple en changeant l’eau amère en eau douce (Ex 15,22-25b) et en faisant jaillir l’eau du rocher (Ex 17,1-6). De nombreux liens commémorent ces épisodes en Nb 20,7-11, Dt 8,14-15, Né 9,15 et 9,20, Ps 78,15-16, Ps 105,41. Paul proposera en 1Co10,4 son interprétation spirituelle de l'eau du rocher et d'autres invitent à une relecture moderne de l'épisode.

 

Le prix de l’eau :

Le randonneur en terre aride (qui donne l’image de la soif au Ps 63,2) connaît lui aussi le prix de l’eau, et sa déception lorsqu’il tombe sur un point d’eau saumâtre, tari ou insalubre. Il sait que si cette dernière lui permettra momentanément de ne pas succomber à la soif, elle est synonyme à assez court terme de graves infections, et que l’eau salvatrice est encore trop souvent mortelle.

Mais le randonneur sait aussi s’émerveiller de la petite flaque coincée au fond d’un canyon du désert et dont les nomades ont su par grande sagesse conserver la pureté avec le soin que l’on doit à la vie. Quelle béatitude aussi devant le filet d’eau qui sourd de sous la roche en plein monde minéral ! Ceux qui auront découvert ces incroyables oasis après une marche au désert auront déjà pressenti ce miracle de l’eau, source de vie humaine, animale, végétale, au milieu de ce qu’il y a de plus dur et de plus inerte.

Comme pour la faim, le Deutéronome amorce une relecture théologique de cette expérience de la soif. Elle doit faire réfléchir (Sg 11,4-8), et le don de l’eau doit conduire à faire l’expérience de Dieu: Dt 29,5.

 

La nature généreuse

 

            Si l’eau vive intarissable trouve sa personnification en Jésus, on trouve une préfiguration de la générosité de Dieu dans sa création au Ps 65,9: « le ruisseau de Dieu est rempli d’eau ». Mais Dieu connaît aussi les goûts de l’homme, qui ne vit pas que d’eau fraîche, et le penchant du marcheur pour les « produits du terroir », lait de ferme et vins locaux : Dt 32,13-14 !